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Extrait du JMO du GC III/3: "L'après-midi le Lieutenant de Chezelles décolle à la tête d'une patrouille tiple avec Kreprt. Nous sommes accueillis sur le secteur Huy-Hannut par un feu excessivement violent. Les Fritz sont déjà là et nous tirent dessus avec tout ce qu'ils ont, même les officiers avec leurs pistolets ! Et nous sommes à 150 mètres, le temps ne permettant pas de monter plus haut. Il est bon de reculeer un peu. Un Henschel est en train de faire un réglage sur nos cavaliers qui arrivent au contact. Cela ne lui portera pas bonheur et les artilleurs allemands ne recevront plus ses renseignements car deux patrouilles se ruent sur lui, l'autre restant en protection. Chacun tire à bout portant sur le pauvre diable qui se démène comme il peut. Le Lieutenant de Chezelles le poursuit et le quitte à bout de munitions à environ 50 kilomètres chez les Fritz après une belle petite corrida en rase-mottes. Mais il va falloir revenir. Comme il y a un plafond de 300 mètres à peine, il estime qu'il est plus prudent d'aller se camoufler dans les nuages. Il a presque atteint son but quand… mais quelle sérénade… crac… tout vient de sauter… non, ce ne sont que des éclats de petit calibre mal placés: commande de profondeur coupée, câble de plan fixe et de parachute coupé, du sans coulant du talon et à la figure, quelques trous dans la combinaison de vol, tel est le bilan établi d'un coup d'œil par le pilote qui, maintenant est dans les nuages. Il va falloir sauter en parachute, non, l'avion se ressaisit et a l'air de voler. Allons jusqu'à Maubeuge entre les deux couches de nuages. Mais arrivé au-dessus du terrain, il essaie en vain de voir si on peut poser le taxi: inutile d'insister, il faut sauter… et c'est la délicieuse sensation au bout du parachute déployé, sortons une cigarette et… qu'est-ce que c'est que cette mitrailleuse qui se met à tirer ? … mais ça y est, on prend le pauvre parachutiste pour un Fritz ! Il met aussitôt les bras en l'air et hurle à pleine voix: -Je suis Français - inutile, la mitrailleuse a cessé de crépiter, mais c'est maintenant toute la population de Jeumont qui prend la suite avec toutes les armes qu'elle a pu trouver. Une balle traverse la cuisse du pauvre innocent suspendu dans les airs vers 500 mètres. C'est long ! Enfin le voilà posé sur un toit au milieu du village. La foule accourt et chaque type qui arrive veut manifester son grand sang-froid et son courage en lâchant quelques balles sur ce pauvre type les bras en l'air ! Leur réaction aurait peut-être été moins courageuse devant un Fritz armé d'une mitraillette ! Heureusement, la cheminée sert plusieurs fois de blindage. Au bout de 5 minutes de ce petit jeu de massacre, un adjudant-chef arrive et calme la foule. Le Lieutenant de Chezelles s'en tire avec sa balle dans la cuisse, trois dans sons foulard, une qui n'a même pas percé sa chemise et quelques éclats épars…
Lt H de Chezelles (SHD Carton G7843) |
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